Ils partent en canot pneumatique jusqu’au récif de calcaire et de corail du Nihiwatu pour y faire de la plongée en apnée. Je ne suis pas amateur de sports aquatiques, mais C.J. Kimmell, gérant du Boathouse, m’assure que l’excursion en planche à rame sur le fleuve Wanukaka, c’est du gâteau.
Il a raison. Après une tentative chancelante pour rester debout, je m’assieds les jambes croisées sur ma planche pendant que le courant paresseux m’emporte lentement à travers le paysage local : une femme fait sa lessive, accrochant les vêtements sur un buisson pour les sécher; deux jeunes garçons transportent des fagots de bois pour le feu sur leur dos. Un varan d’un mètre de long apparaît sur la rive avant de disparaître dans les hautes herbes.
« Parfois, je n’arrive pas à croire que je suis ici, sur cette île oubliée de l’Indonésie », dit Kimmell plus tard dans la journée, parmi les clients du Nio Beach Club, le plus décontracté des deux restaurants extérieurs au plancher de sable du complexe. La vague légendaire du Nihiwatu vient se briser devant nous, à 180 mètres au large. Kimmell admire les larges bandes de rouges, de jaunes et de nuances innombrables entre les deux qui s’entremêlent dans le ciel au crépuscule. « C’est fabuleux. »
Je découvre que le lever du soleil peut être tout aussi divin, lorsque je pars le lendemain matin avec le guide Maxi Deta pour une randonnée de deux heures vers « l’île du riz ». La brume se lève sur les montagnes et nous longeons la plage, avant de tourner pour grimper sur un sentier escarpé et vaseux dans la jungle. Mon guide porte des sandales, mais navigue habilement sur ce terrain, me tenant la main pour m’aider à traverser un ruisseau peu profond, et coupe par la forêt, où j’aperçois un vieillard qui ramasse des noix de bétel au sol.
Plus loin, un fermier conduit un buffle à travers une rizière boueuse pour aérer le sol et des hommes recherchent un cheval qui s’est échappé. Pendant des siècles, les poneys robustes indigènes de Sumba ont été un précieux bien d’exportation, troqués avec les commerçants chinois et arabes, puis les Portugais. Aujourd’hui, toujours recherchés, ils font partie (avec les buffles coûteux) des dots et sont sacrifiés aux funérailles pour accompagner le défunt dans l’au-delà.
Enfin, de l’autre côté d’un étroit pont de bambou, nous atteignons la butte appelée « l’île du riz ». De là où je déguste un petit-déjeuner de papaye, melon et riz frit indonésien ou nasi goreng, j’admire une vallée de champs de riz verdoyants qui s’étendent comme une courtepointe jusqu’à la mer, un paysage serein.
Ensuite, Maxi attire mon attention vers une clairière sur une colline éloignée où, quelques semaines plus tôt, des centaines de cavaliers de tribus rivales se sont affrontés avec des épées de bois dans le combat sacré rituel annuel appelé pasola. « Nous savons que le pasola est dangereux, mais c’est notre tradition », explique-t-il. « Cette année, peu de sang a coulé, c’est le signe d’une bonne récolte. »