Primitivo
Près de l’Adriatique, non loin de l’endroit où confluent les lacs Alimini Grande et Alimini Piccolo, les vignerons de Menhir Salento cultivent leurs vignes. « Nos ancêtres ont rarement planté des vignobles dans cette partie de la région, car le travail du sol était difficile », indique l’œnologue Marco Mascellani. « Lorsque nous sommes arrivés dans ce secteur, nous avons réfléchi à ce que nous voulions : des vins élégants dans une région de vins robustes. Nous savions que ce serait plus coûteux, mais c’était le résultat qui comptait. »
Les raisins indigènes de Menhir Salento se sont adaptés aux températures moyennes élevées du lieu et des précipitations faibles, créant une saveur incomparable. « Le Primitivo et le Negroamaro sont les plus importantes variétés du Salento, car ils sont polyvalents. De fait, nous pouvons produire des rosés, des rouges jeunes, des rouges structurés destinés à vieillir, ainsi que des mousseux, à partir du même raisin. »
Deuxième région vinicole d’Italie, les Pouilles ont souvent été considérées comme le deuxième violon, derrière la Toscane et ses exportations. Toutefois, le vent semble tourner, avec des producteurs reconnus comme Vetrère, qui produit de grands millésimés sans rien d’autre que de l’énergie propre, et Valentina Passalacqua, dont les vins biodynamiques naturels enjolivent la liste de restaurants réputés mondialement.
« Les Pouilles sont empreintes de tradition, dit M. Mascellani, mais nous sommes convaincus que la fusion et la variété sont le sel de la vie. » Les œnophiles voudront goûter les bouteilles à l’établissement vinicole du producteur dans la petite ville voisine de Minervino di Lecce. Installé dans une demeure seigneuriale du 18e siècle, leur quartier général de pierre abrite également l’Osteria Origano, une table champêtre qui sert des mets apuliens traditionnels (comme la joue de veau braisée ou la pieuvre poêlée). Mais leur premier intérêt demeure les vins, avec des blancs légers rafraîchissants comme le Pass-O Fiano ou de généreux rouges comme le Numero Zero Negroamaro qui accompagnent les plats.
Pasticciotto
Au 12e siècle, les Templiers se rendaient en pèlerinage à Santa Maria di Leuca pour prier avant de partir pour les Croisades. C’est l’endroit où Saint Pierre a mis le pied en Italie, dans la région la plus au sud des Pouilles, commémoré des siècles plus tard par la construction de la basilique sanctuaire de Santa Maria de Finibus Terrae, lieu sacré dont la visite doit se réserver des semaines à l’avance.
Aujourd’hui, on fait le pèlerinage vers le sud pour un tout autre type d’expérience religieuse. Les touristes viennent déguster le pasticciotto, une pâtisserie de pâte sablée fourrée de crème pâtissière au citron. Selon la légende, ce dessert a été créé en 1745 lorsque le pâtissier Nicola Ascalone cherchait quelque chose à servir aux pèlerins venus dans la région pour la fête de Saint Paul. Ayant trouvé un reste de pâte et de crème pâtissière dans sa cuisine, il a combiné les deux, les faisant cuire dans un petit moule en cuivre.
Le laboratorio Martinucci est un des endroits où vous en trouverez certaines des meilleures versions. Fondée en 1950 par Giovanni Martinucci et son fils Rocco, la pâtisserie compte plus d’une douzaine de points de vente dans le Salento, chacun offrant aux clients une version originale ou une version moderne à la cerise noire, au chocolat gianduja ou à la pistache.
« La saveur du pasticciotto est à son meilleur quand il est encore chaud », dit M. Frulloni, qui le préfère au petit-déjeuner, accompagné d’un cappuccino. « À peine deux heures après sa sortie du four. » Bien que ce sentiment soit difficile à comprendre dans la plupart des grandes villes nord-américaines – où les aliments sont souvent précuits et entreposés pendant des jours – c’est typique des Pouilles. Si une région illustre bien l’importance de s’alimenter à l’italienne – c’est-à-dire de traiter ses papilles avec respect – c’est bien celle-ci.